Originalité de la psychanalyse

La psychanalyse reste encore à ce jour une des rares disciplines qui traite de la question du désir. Désir d’abord orienté vers la mère d’après les investigations psychanalytiques, puis désirs déviés vers des substituts : père, fratrie, membres de la famille, enseignant, chef et enfin ceux qui nous entourent. L’inconscient est comme un lieu de stockage et d’émergence des désirs passés ou présents, des pulsions, des désirs refoulés, ou déniés.

Ces désirs font suite à un objet perdu, c’est l’objet a-mère qui oblige à réorienter le désir initialement porté sur elle, cet objet perdu invite à un réinvestissement auprès des autres. Ces mécanismes entrainent leurs lots de perte, de coupure, de séparation, d’abandon, de manque, de deuil dans le réel ou dans l’imaginaire, ils sont souvent très difficiles à vivre et à admettre. La psychanalyse apporte des résultats précieux face à ces difficultés.

Dans leur grande majorité, ces coupures, ces séparations, ces pertes et ces deuils sont pénibles à supporter, voire impossibles à accepter. Ils entrainent de solides résistances et de nombreuses défenses. Jugées trop fortes, trop menaçantes ou trop dangereuses par le psychisme, certaines insatisfactions, résistances ou excitations font l’objet de refoulements, de déviations, de dérivations ou de stockages dans l’inconscient. Ces éléments refoulés seront partie prenante de la formation de symptômes, de mal-être et de malaises.

La psychanalyse a supposé très tôt l’existence d’une force organisatrice qui supervise et assure le fonctionnement du psychisme : la libido. Terme souvent utilisé à contre sens puisque dans le langage populaire ce terme de libido est parlé pour représenter le désir sexuel. En effet, il est coutume d’entendre que la libido serait en panne : je n’ai plus de libido du tout ! C’est une utilisation erronée qui montre la confusion entre libido et désir sexuel génital.

Libido provient pour une part d’une très vieille langue, le Sanscrit. Lubh c’est le plaisir. Ce mot provient également aussi du latin libet ou lubet qui signifie : il plaît. Il vient encore de l’allemand lieber ou de l’anglais love aimer. Retour au latin car il provient encore de sedes libidinis : le clitoris. La libido est la résultante de l’intensité des forces dynamiques qui favorisent les déplacements des courants sensuels et sexuels ainsi que les affects, les tensions et les excitations qui irriguent en permanence l’organisme. Ce qui ne va pas sans conflits intrapsychiques.

Examiner les conflits psychiques, délier et mettre en morceaux leurs nœuds complexes, canaliser les pulsions, gérer et supprimer les tensions qui ont contribué aux symptômes propres à chacun, réactiver l’utilisation et la circulation des signifiants, être capable d’en créer d’autres, symboliser ce qui ne l’est pas encore, voilà résumées les principales orientations concrètes de la psychanalyse qui autorisent à se vivre pleinement comme sujet auteur et acteur de sa propre vie.

Les mal-être, les malaises et les symptômes se matérialisent toujours dans l’après coup. Les effets bénéfiques de la psychanalyse également. C’est toujours dans l’après coup que se réalisent les progressions, les mieux-être. La guérison peut advenir, mais de surcroit.

C’est ainsi que la psychanalyse reste un outil précieux pour trouver des solutions face à nos désirs et à nos pulsions qui envahissent parfois notre psychisme de façon problématique. A l’aube de ce troisième millénaire, comme au temps de Freud, la psychanalyse continue à faire preuve de sa pertinence et de son efficacité en apportant plus qu’une aide à ceux qui font appel à elle. La psychanalyse reste jeune, efficace et son dynamisme n’est plus que jamais opérant.

Une psychanalyse reste à l’évidence le plus beau cadeau que l’on puisse s’offrir.